Archives mensuelles : août 2014

Je

Avertissement
Le titre que vous venez de lire annonce un article auto satisfait, égocentrique, suffisant et pas nécessaire. De plus, il ne va probablement pas vous intéresser. Pourtant, je vais quand même vous dire ce que je n’aime pas, enfin pas tout, mais une partie. Si, ensuite, vous acceptez d’aller un peu plus loin dans votre lecture, je vous dirai aussi quelques unes des choses que j’aime.
Maintenant, vous êtes avertis.

Donc, je n’aime pas :
-celui qui crie  » allé-hé « , ou pire:  » eullé-hé « , en trois notes vulgaires sur le court central de Roland Garros redevenu silencieux alors que les joueurs se concentrent sur le service à venir.
-celle qui répond  » Pas de souci !  » à toutes mes demandes
-le geste du motard qui me remercie en tendant la jambe gauche après m’avoir dépassé par la droite
-le motard qui fait ce geste
-le tapioca, la langue de veau et la cervelle de mouton
-les tics de langage, comme : …que du bonheur…être en capacité…dans les régions…
-les abréviations: … la télé … le ciné … le resto …l’appart… (mais, paradoxalement, j’accepte métro pour métropolitain, vélo pour vélocipède, tout espoir n’est donc pas perdu.)
-les LOL journalistes, faux impertinents, drogués de la dérision, rebelles rémunérés et intouchables, imitateurs pâles et impuissants de la langue de Vialatte et de Desproges
-le signe des guillemets fait avec deux doigts de chaque main levée à hauteur des yeux dans le cours d’une conversation pour signifier que l’on n’est pas totalement solidaire de ce que l’on dit
-l’expression « on va dire que… » qui permet d’avoir l’air de faire une concession à son interlocuteur tout en signifiant pratiquement le contraire de ce que l’on va dire
-les gens qui disent « Je ne suis pas snob (ou avare, ou raciste) » alors que l’on sait très bien qu’ils le sont, ne serait-ce que parce qu’ils font suivre cette déclaration de la conjonction  » mais… « , et, plus généralement, les gens qui affirment leurs qualités sans vous laisser les découvrir
-ceux, en général les mêmes, qui disent « ils m’adorent » en parlant de leur personnel ou de leurs fournisseurs
-le tic-tac de la pendule
-les gâteaux de riz
-le vent
-approcher des dernières pages d’un roman que j’aime.
-réaliser que ce que j’apprends de nouveau aujourd’hui ne me servira pas très longtemps
-le discours mitraillette, pratiqué par un nombre de plus en plus grand de jeunes en politique, et dont la première caractéristique consiste à enchaîner des phrases les plus longues possibles, constituées d’une multitude de propositions subordonnées, coordonnées, juxtaposées ou même indépendantes sans respiration ni espace qui puisse permettre à qui que ce soit d’intervenir pour interrompre la logorrhée. La deuxième caractéristique du discours mitraillette consiste à mette l’interlocuteur dans une situation de culpabilité, dont il lui est impossible de sortir du fait de la première caractéristique. Nous avons tous en tête des exemples de pratiquants obstinés de cette technique
-un tableau de Vasarely
-un bleu de Klein
-les conversations maraboudeficelle ou shiritori
-les longues manches qui descendent sur les doigts des femmes, affectation de frilosité et de fragilité
-les mitaines des femmes, dentelées, qui leur donnent un aspect poussiéreux
-les mitaines des hommes, surtout si elles sont en cuir, signe extérieur de brutalité, pareilles aux poignets de force
-celui qui dit : « je ne supporte pas la bêtise »
-l’expression ‘un portrait craché »
mais j’aime :
-les chaudes journées d’orage, sans vent mais avec gros tonnerre et grosse pluie
-encore plus que ça, ces mêmes journées, à Paris
-écrire quelques mots dans un café, devant un demi de bière ou un café-croissant
-me promener derrière mon chien, si possible sous la pluie
-descendre en ski un long chemin en pente douce vers les Bréviaires
-lire aujourd’hui ce que j’ai fait semblant d’avoir lu autrefois et me mettre en règle avec ma culture
-la colère de Louis Jouvet dans la blanchisserie d’Entrée des Artistes
-rouler la nuit dans un taxi silencieux qui me ramène d’un aéroport sur une autoroute éclairée
-le bruit des roues de ma voiture (todoum-todoum) qui passe sur les joints de la chaussée
-le pré-générique de la Twentieth Century Fox
-le Clair de Lune de Debussy
-un solo d’Oscar Peterson
-les dernières images de La Prisonnière du Désert
-la fin de la fête au château de La Règle du Jeu
-un nu de Modigliani
-un portrait de Modigliani
-les mots ergastule, sornettes et calembredaines
-déboucher brusquement sur un ample paysage, une montagne, une vallée, un désert, l’océan…et se laisser submerger par une émotion enfantine
-un enfant
-un homme attendri
par un enfant
-le jeu d’un rayon de soleil
sur la grille d’un balcon décrit par Marcel Proust

Diagnostic :    Alors ? Vieux con ou sentimental incurable ?

 

 

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Aurore

Le soleil s’est levé derrière le toit qui fume
Les oiseaux ont chanté, les nuages ont blanchi.
J’ai enfoncé mes yeux dans l’oreiller de plume
Et mes poings ont battu l’édredon avachi.

« Vos gueules! », ai-je crié aux bruyants volatiles,
Et « Eteins la lumière! » à l’astre du matin
« Je veux dormir encore, ramassis d’imbéciles,
Et toi, sacré flambeur, cesse d’être importun!

« Non mais, ça va pas bien, tas d’oiseaux de malheur?
Cessez immédiatement tous ces cris incongrus
Car faire autant de bruit et ce, d’aussi bonne heure,
Est passible de mort, ou pire, c’est bien connu!

Et quant à toi, Phoebus, vraiment tu exagères!
Tu agaces mon œil, Ô vieil enquiquineur.
Je ne supporte plus tes mauvaises manières.
Je te le dis tout net: Va te faire voir ailleurs!

Le soleil s’est caché: il m’avait entendu.
De la même manière, ayant fermé leur bec,
Sans doute un peu vexés, les oiseaux se sont tus.
Le calme est revenu et le sommeil avec.

Cette histoire n’a pour but que de vous démontrer
Qu’il est possible de dormir jusqu’à onze heures
A la condition bien sûr de s’adresser
Avec fermeté à tous les emmerdeurs.

Accroche-toi !

Acrostiche simple
Une fois le nom choisi,  le premier vers commence avec la première lettre du nom, le deuxième avec la deuxième lettre, etc…

Philippe, avec ton nom, de jouer permets moi.
Hier si conquérant, père du grand Alexandre
Il fut après Le Bel, Auguste et d’autres rois
Le prénom favori, le prénom qui fait vendre.
Il devint cependant pour ta génération
L´archétype du traître, du collaborateur,
Puis il revint en grâce, sans que nous le voulions
Par ce Gérard Philipe, ce merveilleux acteur.
Et maintenant, Philippe, c’est toi, c’est toi, c’est toi!

Coutheillas pourtant jamais ne fut connu
Ou bien alors un peu, à Limoges, une fois,
Tu sais bien, cet Henri qui faisait des statues!
Hé ben, de ta famille, il n’était même pas!
Et de toute façon, à présent oublié,
Il n’eut pas apporté, même après son trépas
La gloire à ta famille, ni l’argent, qui plus est.
La gloire est peu de chose à ceux qui n’en n’ont pas.
Aussi, ne t’en fais pas, car les âmes bien nées
Souvent sont plus heureuses dans leur anonymat.

Acrostiche brivadois
 Le premier mot du premier vers commence avec la première lettre du nom, le deuxième mot avec la lettre qui suit dans l’alphabet, le troisième mot avec la lettre qui suit, (Philippe: P,Q,R)et on recommence avec le deuxième vers…

Pour que résiste
Horace, invincible jouteur,
Il joua K.O.
Le match nul.
Ignoble jeu kabyle,
Puisque qu’un roi
Plus que riche
Est forcément gagnant.

Curiace désemparé, estivant
Oublieux, peu qualifié,
Unique vieux wagon,
Très urgemment vieillit.
Horace, improbable joueur,
Envoya faire griller
Immédiatement jeune koala.
Le minable nabot,
Lumineux mais naïf,
A bien cru
Succomber très uniformément.

 Acrostiche bègue 
Les trois mots du premier vers commencent avec la premiere lettre du nom, (Philippe: P,P,P), etc…

Prétendu parti pris!
Honteux harnachement hideux!
Invraisemblable idiotie inversée,
Lorsque les lois
Iniques internes inconnues
Punissent presque partout
Pour peu prévenir
En Espagne exotique.

Chaos créatif certain:
Ostracisé ou Oscarisé,
Un urluberlu ubuesque
Tétait ta tante
Hortense, héroïque hédoniste.
Et ensuite, espérant
Immerger ici immédiatement,
Lucide, lui loua
Les lampes lumineuses
À ampères amplifiées
Sans se soucier.

 Acrostiche à quatre temps
idem que ci-dessus, mais avec 4 mots

Pour piquer plus Pâris,
Hélène, hardiment harnachée, hacha
Immédiatement ici Iphigénie, insipide.
Les lourdes lois liberticides
Interdirent insidieusement Icare, inexorablement.
Partir pour Patras, pouah!
Pourquoi pas périr petitement
Et, évidemment exaspéré, expirer?

Cacophonie catastrophique, confusion certaine,
Ou organisation obsolète officielle?
Une Uruguayenne uniquement utile,
Tourbillonnant trop tard, trembla
Hâtivement, héroïque hésitation hélas,
Et, encore énervée, éventuellement
Iconoclaste, insulta irrémédiablement Io,
Laquelle lança lâchement les
Lavandières lubriques, limitant les
Âneries anachroniques avec adresse
Sans solliciter ses serviteurs.