Archives mensuelles : septembre 2014

Circonstances atténuantes

Ces quatre petites histoires ont été écrites en atelier d’écriture. L’exercice, inspiré par les « Crimes exemplaires » de Max Aub, consistait à inventer plusieurs histoires de meurtres anodins. Je dois à la vérité de dire que l’histoire de la rue Thierry Ardisson m’a été librement inspirée par une nouvelle, aussi courte que mon propre texte, que j’ai lue il y a bien longtemps et dont je n’arrive pas à me rappeler si l’auteur en est Peter Benchley ou James Thurber, grands humoristes américains chers à mon coeur. 

1-Je suis arrivé tôt, vingt minutes avant la séance. J’ai choisi ma place avec soin, pas trop loin, pas trop près, pas tout à fait dans l’axe, mais presque, comme j’aime, quoi! Elle est arrivée au moment où les publicités commençaient. Tournant le dos à l’écran, elle s’est faufilée dans la rangée devant la mienne. Elle s’est arrêtée devant moi, m’a adressé un joli sourire, et s’est assise juste devant mon siège. Forcément, ça m’a énervé. Ces jolies femmes, ça Continuer la lecture de Circonstances atténuantes

Le chaudron de Freud

A emprunte un chaudron de cuivre à B.
Une fois qu’il l’a rendu, B fait traduire A en justice en l’accusant d’être responsable du gros trou qui se trouve maintenant dans le chaudron, et qui rend l’ustensile inutilisable.
A présente sa défense en ces termes :

-Primo, je n’ai jamais emprunté de chaudron à B
-Secundo, le chaudron avait déjà un trou lorsque B me l’a donné
-Tertio, j’ai rendu le chaudron en parfait état.

Freud  (Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient)

Je viens de découvrir que nous devons à Freud cette intéressante petite histoire. Personnellement, je la connaissais dans une version plus courte:
« J’ai pas volé la montre et elle était pas en or! »

 

Il y a cent ans, le caporal Coutheillas… (2)

MarcelinJournal du Caporal Coutheillas (24 septembre-3 octobre 1914) Mobilisé le 5 août 1914 à 36 ans, Marcelin écrit son journal. Il passe d’abord près de 2 mois à l’arrière, à Dreux. Et puis…

Le 24 septembre, ordre est donné  de marcher jusqu’à la gare de Dreux pour monter dans un train dont la destination nous est tenue secrète. Les habitants nous font une joyeuse conduite en nous acclamant tout le long du chemin. Notre convoi démarre dans l’enthousiasme. Nous passons à Chartres, puis Rambouillet, puis Versailles et l’espoir grandit parmi nous d’être affecté à la place de Paris. Mais le train Continuer la lecture de Il y a cent ans, le caporal Coutheillas… (2)

Tu seras un poète, mon fils…(Critique aisée 35)

Prends ta tête à deux mains,
Mon cousin,
Écorche la grammaire,
Mon p´tit frère!

Oublie donc l’orthographe,
Tête de piaf,
Et la ponctuation,
Tête de thon!

Truismes et clichés,
Stéréotypes, poncifs,
Use du pré-mâché!
Les lieux communs, ils kiffent!

Pars à leur découverte
Et puis, joyeusement,
Des portes grand ’ouvertes
Enfonce les battants !

Ensuite prends ton luth
Et tes allégories
Et tes anacoluthes
Dans ta catégorie:

Sois ange ou bien démon,
Romantique ou cruel,
Lyre ou accordéon,
Ou encore arc-en-ciel.

Muni des ces préceptes,
Maintenant écris-moi
Quelques phrases ineptes,
Des trucs bien à la noix.

Découpe-moi bientôt
Ces éléments sublimes
En tout petits morceaux
Sans rechercher la rime.

Personne ne comprend
Ce que tu voulais dire?
Injurie largement,
Méprise ou bien soupire,

Mais n’explique jamais
En mots intelligibles
Car déchoir ce serait
D’être compréhensible.

Si tu peux faire tout ça
Sans rire ni cannabis
Si tu peux, tu seras
Un poète, mon fils.