Archives mensuelles : juillet 2016

Sacré nom de nom !

Je m’appelle Gérard Grougnard. Avec deux D. Un D à la fin de Gérard.  Et un autre à la fin de Grougnard.

Mon père s’appelait Marcel, Marcel Grougnard.
Il était garçon boucher.
Il était très propre, impeccable même. Il se douchait deux fois par jour. Le matin avant de partir au travail. Et le soir, avant de diner.
Mais il sentait le sang. Ses cheveux, son cou, ses mains sentaient le sang. C’était écœurant.
Je l’aimais bien, mon papa. Mais il sentait le sang. C’était écœurant.
J’ai grandi dans cette odeur. Je l’emmenais avec moi à l’école.
Et puis, quand j’ai eu douze ans, Papa a acheté une boucherie.
La boucherie Grougnard.
Il était fier, papa.
Pendant les vacances, il me prenait comme apprenti.
Et je sentais le sang moi aussi. Comme Papa.
C’était écœurant.

Alors, j’ai pas voulu faire boucher, comme Papa.
Et j’ai cherché ce que je pouvais faire.

Aventurier…
Ça m’aurait plu, aventurier.
Mais est-ce qu’on peut Continuer la lecture de Sacré nom de nom !

Une matinée de rêve

Comme tous les matins, il ouvre vivement la porte du bureau de sa secrétaire et lance un Bonjour-Léna-comment-ça-va-ce-matin joyeux et sonore.

Tout de suite, il ajoute qu’il fait un temps magnifique, hein, est-ce qu’elle a remarqué, et que, bon, il faudrait qu’elle appelle Drumont pour déplacer le rendez-vous de mardi prochain, non, il veut dire pour le maintenir mardi prochain, mais ailleurs, est-ce qu’elle voit ce qu’il veut dire,  ici, au bureau, par exemple, enfin comme ça l’arrange, lui, Drumont, hein,  ah oui ! et puis aussi il faudrait lui réserver un avion et une voiture pour Bordeaux, pour demain matin de bonne heure, enfin pas le premier avion quand même, hein, retour le soir, pas trop tard, une petite voiture, hein, parce qu’il sera seul et que le rendez-vous n’est pas très loin de Mérignac, il lui demande enfin si on a reçu un accord de la SMT, parce qu’il serait temps, hein, nom de Dieu, pardon Léna, mais qu’est-ce qu’ils fichent depuis le temps, et que bon, si ça ne l’ennuie pas, il prendrait bien un petit café, Léna s’il vous plaît… Léna?

Alors, Léna répond que non, que ça ne va pas, que le temps qu’il fait, elle s’en fiche complètement, que de son wagon de RER, on ne voit pas le ciel, que, non, elle n’appellera pas Drumont ni Continuer la lecture de Une matinée de rêve