Il est dix-sept heures et cinq minutes. Les premières notes du Clair de Lune de Claude Debussy s’égrènent lentement, puis une voix s’élève, effaçant presque la musique :
-Bonsoir, c’est Berthe Granval qui vous invite comme chaque après-midi à écouter ses « Histoire d’écrire ».
Le son du piano remonte quelques secondes, puis redescend. A nouveau, la voix :
– Aujourd’hui, je reçois l’écrivain Pierre-André Mariotte. Bonsoir Pierre-André Mariotte.
-Bonsoir, chère Berthe Granval
Les notes remontent, ruissèlent, s’affaiblissent et disparaissent. C’est le silence ; une, deux, trois secondes. Inconcevable… C’est Berthe Granval qui le veut, ce silence interminable. Elle ose ce que tous les animateurs de radio craignent le plus au monde, le blanc à l’antenne. Elle sait que par cette vacuité, elle ouvre à l’auditeur un espace de calme confortable, d’attention bienveillante et de distinction décontractée qui caractérisent son émission quotidienne.
-Tout d’abord, merci. Merci d’avoir répondu à mon invitation.
La voie est amicale, rauque, sensuelle…des années de travail et de tabac.
-Chère amie, c’est un plaisir et il est de ces plaisirs Continuer la lecture de Une émission de Berthe Granval