Viola, Auguste et Mapplethorpe au Grand Palais – Critique aisée 20

Bill Viola

C’est il y a une quinzaine d’années que j’ai vu pour la première fois les œuvres de Bill Viola. C’était au Musée d’Art Moderne de San Francisco. Je me souviens qu’au premier étage, on pouvait voir une exposition de splendides photographies du début du vingtième siècle de paysages du Nord-Ouest des Etats Unis ou du Canada, je ne sais plus. C’était magnifique.
Au deuxième étage, régnait une exposition itinérante de Bill Viola. Dans quelques salles toutes blanches ou toutes noires selon le cas, on pouvait voir plusieurs bidons de deux cents litres, pleins d’eau, au fond desquels un tube cathodique passait le film extrêmement statique du visage d’un homme, ou d’une femme, ou même d’un enfant (pourquoi pas ?), en général en train de dormir. On pouvait voir aussi, projeté sur grand écran, un film d’une dizaine de minutes passé en boucle montrant un homme debout, immobile, devant un bassin rectangulaire. L’aspect peu sympathique de l’eau du bassin expliquait sans doute l’hésitation de l’homme à s’y précipiter. Pourtant, au bout d’une dizaine de minutes, prenant un léger appel, l’homme se décidait à faire ce qu’on appelle une bombe dans le bassin. Pour compléter la frustration du spectateur, l’image se figeait juste avant le contact du corps en boule avec l’eau sale, le privant ainsi du spectacle des éclaboussures. Passionnant !
J’ai eu la chance de revoir une œuvre majeure de Viola à l’église Ste Eustache de Paris, où le Maitre nous a présenté en 2000 un film vidéo inspiré de la Visitation, scène dans laquelle Marie, enceinte du Christ, reçoit la visite d’Elizabeth, sa cousine. Images presque floues, quasi statiques d’une scène que, compte tenu du sujet, on ne saurait qualifier d’endiablée. Passionnant !
Eh bien, à nouveau, voilà Viola. Certes, la technique a fait des progrès. Les écrans sont immenses et les images superbes. Il y a du son. On sent qu’à présent il y a des moyens. Ce pourrait être une très belle exposition de photographies. Mais ce n’est pas. Le problème, c’est qu’elles bougent ces photos, très lentement certes, mais elles bougent. Même montées en boucle et interminables, elles ont un début et une fin. On n’a donc plus grand chose à imaginer. Et ça gâche tout.
Le vrai problème de Viola, c’est la vidéo.

Moi Auguste, empereur de Rome
Le titre de cette exposition amène tout d’abord à se demander si notre président avait connaissance du testament d’Auguste quand il a rédigé sa regrettable anaphore, ou si le titre de l’exposition a été choisi en hommage obséquieux à cette même litanie.
Mise à part cette question qui taraude et trouble l’esprit du visiteur pendant toute sa visite, l’exposition, sans être sensationnelle, n’est pas désagréable. On y voit quelques bustes, statues, fragments de fresques et de mosaïques, bijoux, armes, chaises curules, urnes funéraires, enfin tout le toutim habituel, garanti d’époque. La lecture des extraits du testament d’Auguste (index rerum a se gestarum) est (sérieusement) passionnante. L’ensemble est surtout didactique. Mais vous pouvez aller voir.
Un regret cependant : les liens familiaux très compliqués qui existaient entre les différents acteurs de cette sublime époque n’apparaissent pas du tout clairement sur les panneaux dédiés à ce sujet. Pour en savoir plus, revoyez donc les deux saisons de la série anglaise « ROME ».

Robert Mapplethorpe
Il était photographe, new yorkais, homosexuel, mort à 43 ans du SIDA en 1989.
Il a photographié des corps nus d’hommes, de femmes, des portraits, des fleurs, des sexes.
Ses photos de nus, les plus nombreuses, sont extraordinaires. Ses photos de fleurs, équivoques. Ses portraits, intéressants. Je ne vous dirai rien ici des sexes. Pour pouvoir en juger par vous-même, il vous faudra entrer dans une sorte de cabinet noir au milieu de l’exposition pour les voir. Comme d’une sex-shop, vous en sortirez le rouge au front.

Une réflexion sur « Viola, Auguste et Mapplethorpe au Grand Palais – Critique aisée 20 »

  1. Au Musée d’Art Contemporain de Malaga, il y a une oeuvre de Viola.
    Une seule.
    Et c’est très bien comme ça!
    Elle me ferait presque changer d’avis.

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