Post it n° 7 – Au coiffeur !

Au coiffeur ! * 
Dehors, il fait gris sombre, froid humide et triste angoisse. Quand on passe badaudant devant la vitrine floue de la rue Saint Jacques longue, le trottoir est jaune enluminé.
Si on entre dans l’aquarium boutique, c’est encore mieux : il fait blanc lumineux et chaud tropical. Les vents électriques des séchoirs mangeurs de crânes recouvrent à peine les conversations molles et la musique en tube. D’étranges êtres capés immobiles se contemplent assis dans des miroirs lumière encadrés. Des esclaves serviles légers leur reforment la crête luisante hirsute.

Si l’on a pris bonne et due date, c’est le paradis retrouvé. On se place aussitôt parmi les maitres absolus que des serviteurs emblousés arrosent de pluies tièdes, massent de mousse odorante, abreuvent de café sucré, instruisent de considérations indispensables et d’interloquantes dernières, tondent des rouflaquettes, privent de leurs épis, coupent de leur superflu, réduisent dans leurs sourcils, séparent de leur raie et coiffent de leur technique.
On flotte léger, on somnole un peu, on répond à peine, on est bébé heureux.
Et puis, il faut partir.

Dehors, il fait gris sombre, froid humide et triste angoisse. Mais la chaleur giron du salon maternel vous caparaçonne encore pour quelques minutes de futur. Et toutes les vitrines qui bordent le chemin réfléchissent un temps puis vous confirment que vous êtes vraiment beaucoup mieux comme ça.

* Je sais bien qu’on ne dit pas « au coiffeur » ! Mais, c’est bien le titre qui vous a attiré, non ? Et si je disais que ce texte est dédié au coiffeur, ça vous défriserait moins ?

5 réflexions sur « Post it n° 7 – Au coiffeur ! »

  1. C’est exactement se que je ressent chez la coiffeuse, un moment de détente surtout que je vais dans un salon de coiffure en seft c’est à dire tu te seiches les cheveux toi même si tu veux, comme je déteste les brushings, je fais la couleur ou la coupe ou les 2 mais à la place du brushing je me fais faire un soin des cheveux qui consiste à l’application d’une crème pour nourrir le cheveux suivi d’un massage, alors là c’est le nirvana, j’adore les massages, tous , les pieds, les mains, le corps je me suis fait masser des pieds à la tête!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  2. Oui, tout ça est très déconcertant. Et tous ces garçons aux métiers divers, à Nantes que commandent-ils au cafetier? Réponse: une fillette! À quand la garçonnette?

  3. Question intéressante, il est vrai, et à laquelle il m’ a fallu du temps pour ne pas savoir y répondre. Cette réflexion m’a conduit jusqu’au bord du gouffre, devant l’abîme d’une autre question essentielle :
    -pourquoi dit-on, ou plutôt pourquoi disait-on, car on ne le dit plus guère aujourd’ hui, « garçon coiffeur » et pas « fille coiffeur » ? Sans doute pour la même raison que l’on dit, et ça encore aujourd’hui, « garçon de café » et non « fille de café » ! Peut-être, mais quelle est cette raison ?
    Me permettrai-je d’étendre la question au garçon boucher, garçon d’ascenseur, garçon de course et, encore plus mystérieuse, à la fille de joie ?
    Non, vraiment, l’égalité des sexes n’est pas pour demain.

  4. Ben oui, la question est importante car nous les hommes on entre aujourd’hui au coiffeur et on y trouve que des coiffeuses. On pourrait dire « aller au coiffeuse » ou, mieux, dire « aller aux coiffeuses » comme on dit « aller aux fraises », ça sonne bizarre, alors autant le dire en bon français: « aller chez les coiffeuses », mais là ça peut prêter a confusion. J’imagine la perplexité de Susan si je lui annonçait en quittant prestement l’appartement, façon Chirac s’adressant à Bernadette: « je file chez les coiffeuses, serait de retour pour le dîner ».

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