A most violent year (Critique aisée 49)

A most violent year
Film de J.C. Chandor
avec Oscar Isaac, Jessica Chastain.

Chandor avait réalisé en 2011 Margin call, un excellent film de fiction sur l’origine du crack financier de 2008. Film dense, intelligent, nerveux, brillant et compliqué, servi par une demi-douzaine d’acteurs de premier plan. Margin call, à voir absolument.

Avec A most violent year, il s’est attaqué à un genre très fréquenté, le film de gangster, en tournant le dos à tous les us et coutumes des blockbusters de ces dernières années. Il a choisi des acteurs sobres et presque inconnus. On y retrouve l’atmosphère dense des films en noir et blanc des années cinquante et quelques. Aldrich peut être ? C’est un plaisir. Voyez un peu:
D’après les rares images panoramiques, l’action doit se situer du côté de Hoboken ou de Jersey City, face à Manhattan, sur les berges industrielles de la rivière Hudson.
Le soleil bas, la pauvre lumière jaune, presque crépusculaire, le faible contraste des images, la présence au sol d’un peu de neige, tout cela nous dit que nous sommes en hiver.
La noria de camions citernes et les gros réservoirs qui rouillent sur les quais nous montrent qu’on est dans le monde du gas-oil.
La litanie des flashes d’information en fond sonore nous fait sentir que la criminalité est à son comble.
1981, a most violent year, l’année où la criminalité a été maximale à New York.

Abel a quarante ans. Il porte un éternel manteau jaune en poil de chameau, impeccable du début jusqu’à la fin du film. Il conduit une belle Mercedes toute neuve. Il est le mari d’une superbe femme amoureuse, il a deux mignonnes petites filles, un chien, et il habite une magnifique maison moderne. Tout devrait donc aller pour le mieux, mais…

Mais il est le fils d’émigrés mexicains, dont la réussite est probablement suspecte; mais sa femme est très vraisemblablement la fille d’un chef maffieux; mais il a créé une entreprise moderne et prometteuse de stockage et distribution de fuel qui cause bien des soucis à une concurrence pas toujours loyale; mais il veut acheter un vieux terminal au bord de l’Hudson pour le rénover et assurer ainsi la suprématie de sa compagnie sur la distribution du fuel sur New York. Mais surtout, surtout, il veut rester honnête et non violent.
Il va donc connaitre énormément de difficultés que l’on va vivre avec lui, et qu’il serait peu élégant et même méchant de détailler ici.

Dans cette bizarre ambiance lumineuse, l’action progresse lentement. A chaque nouvel obstacle qui se dresse entre lui et son objectif, Abel élabore une nouvelle solution, jusqu’à ce qu’un nouveau problème apparaisse et qu’il faille à nouveau trouver une nouvelle solution. (On dirait vraiment la vie d’une entreprise).
La mise en scène est d’une sobriété remarquable. Outre la lumière et le rythme lent du film, Chandor ne s’est accordé aucune des facilités qui font les succès commerciaux. Les points de passage obligés, poursuite automobile, attaque des camions de livraison, bagarre dans le métro et autres stéréotypes sont traités de façon inattendue, réaliste et haletante.

Vous apprécierez aussi surement des scènes totalement originales comme celle de la découverte du pistolet dans la neige, la leçon aux nouveaux vendeurs,  l’incident du cerf, l’attaque du camion de fuel sur le pont qui mène à Manhattan avec les réactions et les dialogues des uns et des autres.
Très étonnant. A voir.

Une réflexion sur « A most violent year (Critique aisée 49) »

  1. Tu donnes vraiment l’envie d’aller le voir, j’ai pas mal de retard, as-tu vu « La famille bélier »? je vais aller le voir.

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