Django Unchained. Critique aisée (4)

Django unchained. Quentin Tarentino.

Paris, Janvier 2013

Ma chère Zoé,
J’ai vu Django Unchained et comme je te l’avais annoncé, je te fais part de mes impressions.
Tout ce que je craignais est arrivé, justifiant à posteriori mes préjugés contre les films de Tarantino. J’ai vu:
— un western tortellini  caricaturant les westerns spaghettis
— avec une musique omniprésente, imitant parfois les musiques bon marché des vrais et si épouvantables Django, et d’autres fois les musiques prétentieuses de Ennio Morricone.
— avec un acteur insupportable de cabotinage (le chasseur de prime autrichien), qui avait pourtant sauvé du néant le précédent peu glorieux Inglorious Bastards de Q.Tarantino
— avec un Jammie Fox, admissible car taciturne pendant la majeure partie du film, puis insupportable quand il se met à chausser ses lunettes de soleil  de chez Prada
— avec une complaisance grand guignolesque pour les explosions de sang (en l’occurrence, on ne peut pas parler d’écoulements ni d’épanchements)
— avec une reprise de toutes les roublardises et de tous  les tics de mise en scène de Sergio Leone (ah! ces regards horripilants et interminables échangés entre adversaires avant la bataille).

Tarantino est un enfant gâté (mais vieillissant) du cinéma, qui a tout vu, sauf les bons films, et caricature les plus mauvais  avec des clins d’œil appuyés  pour montrer qu’il n’est pas dupe de la bêtise qui s’attache aux sujets qu’il ne traite que pour étaler son habileté et sa culture cinématographique.

Quand Q.T. se décidera-il à tourner un film original, je veux dire un film qui ne soit pas un pastiche, pour nous montrer qu’il sait faire autre chose?
Ou alors, le pastiche n’étant, dit-on, rien d’autre qu’un hommage, quand ce petit génie pastichera-t-il Orson Wells, David Lean, ou Jean Renoir?

Tu as deviné, je n’ai pas vraiment aimé ce film.
Je pardonne encore à Q.T. à cause de son Réservoir Dogs et de sa Pulp Fiction, mais ma patience est à bout.

Du désastre Django, je sauverai pourtant deux scènes:
—le débat qui s’établit entre lyncheurs masqués sur la qualité des sacs aménagés par l’épouse de l’un d’entre eux, et sur ce qu’il convient d’en faire pour la suite de l’opération
—la très longue discussion entre l’éleveur de Mandingos dans sa salle à manger et le chasseur de primes autrichien, dans laquelle Leonardo de C. montre encore une fois tout ce qu’il sait faire.

Sans rancune.
Philippe

P.S. Ça m’a bien détendu d’écrire cette diatribe.

11 réflexions sur « Django Unchained. Critique aisée (4) »

  1. Mickaël m’avait dit qu’il l’avait vu plusieurs fois!!!!!!!!

  2. J’ai aimé « Pulp Fiction » mais là je n’ai pas pu regardé le film (une copie sur clé USB) trop de sang, trop de violences, pour moi qui suit sensible c’est insoutenable !

  3. Je réponds bien tardivement à cette métaphore de la musique qui soutient le film comme la « corde soutient le pendu ». N’oublions jamais que le principal rôle de la corde, c’est d’étouffer le pendu.

  4. Bonjour Philippe, je suis d’accord avec toi, au sujet de ce film, pour les mêmes raisons et bien d’autres encore. Enfoncage de portes ouvertes tant au niveau du scenario que du film qui ressemble à ses précédents. C’est une bonne publicité pour ketchup. En revanche, heureusement qu’il y avait cet acteur (ce pseudo-dentiste excité du bulbe) qui m’a impressionné par son charisme. Et j’ai trouvé aussi que la musique permettait de ne pas trop s’ennuyer justement, elle portait les scènes.
    Je ne peux te conseiller que de courir voir YSL que j’ai vu dimanche dernier qui est éblouissant.
    Julie

  5. Je ne suis pas (complètement ) d’accord avec ta critique Philippe, bien que certaines scènes sont au paroxysme… mais c’est du Tarantino, çà décoiffe et c’est drôle! Enfin pour moi.
    J’aime vraiment la musique d’ Ennio Moricone et je ne m’en lasse pas!
    Philippe je trouve que tu es difficile à contenter!

  6. Si, si, Isabelle, il faut se mesurer à Philippe, même en matière de cinéphilie. N’hésitons pas à « débloguer »! J’en appelle à Oscar: « quand les critiques diffèrent, l’artiste est en accord avec lui-même ». J’espère que Tarentino et Morricone me remercieront d’avoir ressorti celle-là. *
    *je profite de cette tribune libre pour conseiller à tous la lecture de « Oscar à toujours raison » paru récemment sous la plume de Xavier Darcos.

  7. Loin de moi l’idée de me mesurer à Philippe le cinéphile et à son analyse pointue, moi qui ai vu le film à sa sortie en 2012 et qui suis affublée d’une mémoire de poisson rouge en matière de cinéma.
    Mais quel régal ce télescopage ébouriffant entre la violence portée par le sujet de l’esclavage très premier degré et la dérision jubilatoire apportée par le personnage joué par Christoph Waltz et le scénario .
    Et au fait, je suis un peu sur ma faim, je ne connais pas l’avis de Zoé, déclencheur de cet critique « déchainée »…

  8. Je persisterai aussi! La musique d’Ennio Morricone est comme « la corde qui tient le pendu ». Elle est solide, elle joue son rôle, elle soutient, elle donne à voir; quant au pendu, ben, c’est son affaire…(il en est parfois qui méritent leur sort). Et puis que dire de « Il était une fois dans l’ouest » ?

  9. Tout à fait d’accord avec ces commentaires sur l’importance de la musique de film (Autant en emporte le vent, Lawrence d’Arabie, musiques grandioses, ou Le train sifflera trois fois, musique sobre, et des milliers d’autres exemples), mais pour ce qui est de la musique des westerns italiens, je persiste.
    Ah! j’ai un autre exemple: la musique du film Amadeus, excellente et indispensable à l’action!

  10. Je ne critiquerai pas cette critique du film Django de Tarentino car je ne l’ai pas vu. Donc point de jugement ni possibilité de polémique. Toutefois, je m’élève avec ferveur contre cette phrase au détour de cette critique aisée: « les musiques prétentieuses d’Ennio Morricone ». Je considère personnellement que Morricone est un grand compositeur en général et en particulier pour les films, domaine dont il s’est fait une spécialité. Combien de films sont soutenus par leur musique et seraient des navets sans elle? Exemple parmi d’autres: « Le Professionnel » dont la musique de Morricone sauve la face de Belmondo. On a souvent tendance à oublier le rôle de la musique dans les émotions, les suspens, etc., créés par un film. J’en veux pour preuve qu’avant le cinéma « parlant » (expression inappropriée à mon sens), le cinéma « muet » faisait appel à un pianiste sur scène pour accompagner une projection. Je pense donc que les musiques de Morricone ne sont pas prétentieuses mais font de leur mieux pour soutenir les films qu’elles servent (lesquels peuvent parfois être des navets, je l’admets). Je pense aussi que la majorité des compositeurs de musique de film sont de grands compositeurs. D’ailleurs, Radio-Classique passe souvent à l’antenne des musiques de ce répertoire au même titre que Bach ou Beethoven. SVP, « ne tirez pas sur le pianiste »!

  11. je ne suis pas d’accord avec cette analyse, un peu trop intellectuelle à mon goût,
    j’ai beaucoup aimé ce film !

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