Logocratie et autres âneries de ce début de siècle (Critique aisée n°71)

Logocratie et autres âneries de ce début de siècle

Je viens d’apprendre un nouveau mot : Logocratie. Nouveau pour moi en tout cas. Nouveau pour vous aussi ? Je m’en doutais. N’ayez pas honte de votre ignorance : le mot est méconnu tant du dictionnaire Larousse que du correcteur d’orthographe de chez Word. Cependant, j’en ai trouvé une définition tout à fait compréhensible dans le Toupictionnaire :
Logocratie : (du grec logos, parole et par extension, raison et kratos, pouvoir, autorité) Régime « idéologique » où règne une « parole » officielle, une vérité officielle constituée de phrases slogans et de discours prophétiques. Le langage ne sert pas qu’à dénommer les choses ou à donner du sens, il devient l’instrument du pouvoir et un moyen de domination. Le terme fait, en général, référence à un régime totalitaire.

Donc, la logocratie c’est le gouvernement, plus souvent la dictature, par les mots. Examinons à présent quelques exemples mineurs et presque inoffensifs de logocratie.

Vous avez compati avec le non-voyant, ex-aveugle. Vous avez souri avec l’assistante qui a éjecté la secrétaire de son siège-pivotant. Vous avez bien ri avec le technicien de surface qui a remplacé le balayeur.
Bien sûr, vous avez rigolé avec le non-comprenant, digne successeur du con. Vous vous êtes agacé que le fait d’être en capacité ait remplacé celui d’avoir le pouvoir tout en le floutant (comme s’il en était besoin!).
Vous savez, depuis Patrick Timsitt, que l’on ne dit plus un nain, mais une personne de taille ridicule.
Vous vous êtes inquiété quand la bravitude a failli remplacer la bravoure et vous vous êtes offusqués de la responsabilité sans culpabilité.

Bon, vous me direz, tout ça n’est pas très grave. La plupart de ces torsions de la bouche et des mots sont au départ le produit d’intentions louables, mises en application par des directeurs de pensée sur la croyance naïve qu’elles changeront les comportements. Et il faut reconnaître que parfois, elles y participent.

Prenez le mot nègre, par exemple. Il est dérivé du latin niger qui veut dire noir. Mais nègre avait pris au cours des siècles une telle connotation péjorative que personne aujourd’hui ne conteste sa disparition totale (même mon correcteur d’orthographe refuse de le prendre en considération) au profit d’autres mots ou de périphrases plus ou moins habiles. Bon, là, d’accord !

Pareil pour bonne, raccourci de bonne à tout faire. Bon, là aussi d’accord ! Qualifier une femme de bonne à tout faire, c’était peu élégant. Exit la bonne. Cette bonne, ne pourrait-elle pas être remplacée par une domestique ? Et pourquoi pas servante ou même esclave, pendant que vous y êtes ? Grands dieux, non ! Parlons plutôt d’employée de maison, de nounou, de fille au pair, de gouvernante, de préposée aux tâches ménagères selon votre âge ou l’arrondissement dans lequel vous habitez.

Maintenant que je vous ai concédé nègre et bonne, vous allez bien pouvoir m’avouer que vous trouvez ridicule de dire en région au lieu de en province ? (Il est vrai que le terme provincial avait pris ces dernières années un petit côté péjoratif, pour ne pas dire carrément plouc, mais il faut avouer que les régionaux y avaient mis du leur.)

Bon, allez. Passons la province et les provinciaux à la trappe et accueillons les régions et leurs régionaux.

Nous avons examiné et compris le cas du nègre, celui de la bonne ainsi que le cas limite de province. Mais pour le reste ? Pourquoi, saperlipopette, remplacer le balayeur par trois mots que d’ailleurs personne n’utilise ? Technicien de surface ! Non mais, on n’a pas idée ! Le balayeur balaye comme le jardinier jardine, le plongeur plonge, le conducteur conduit… Mais quelle maladie a donc atteint le vocabulaire ? Certains mots semblent avoir été frappés de la peste. Ils font peur. Ils propagent des maladies textuellement transmissibles. Il faut les prendre avec des pincettes. Peut-on encore appeler un chat un chat ? Ou bien faut-il y mettre des guillemets ?

Ah, les guillemets ! J’ai déjà eu l’occasion ici de dire tout le bien que j’en pense et je ne vais pas recommencer. Ne me provoquez pas ! Si vous avez raté ça vous pouvez toujours aller voir là-bas : https://leblogdescoutheillas.com/?p=3873   Mais finalement, les guillemets, ce n’était pas si terrible. Avant de devenir un geste idiot et simultané de deux doigts de chaque main, au moins, c’était de la typographie, avec des règles qui sentaient bon l’encre d’imprimerie.

Cependant, le progrès, que l’on arrête pas sans se faire taxer de conservatisme ou de ridicule et qui permet notamment de s’exprimer uniquement avec des consonnes, des acronymes et des abréviations, a apporté une corde de plus à notre arc littéraire  avec la merveilleuse technologie de l’émoticône. Vous ne savez pas ce que c’est qu’un émoticône ? Et un smiley, ça ne vous dit rien? Pas davantage? C’est normal ! C’est la même chose ! Mais sur quelle planète étiez-vous pendant que les émoticônes faisaient plus en dix ans pour appauvrir la langue que tous les présentateurs de radios libres et périphériques n’avaient réussi à le faire en quarante ans ?

Dans un premier temps, un émoticône a été un assemblage de parenthèses, de signes d’égalité ou d’addition et d’autres caractères spéciaux qui, regardé sous un certain angle, en général de travers, donnaient, en cherchant bien, l’image d’un sourire ou d’une grimace.
Aujourd’hui, grâce à la technologie triomphante, l’émoticône a évolué vers une expressivité presque illimitée. A la base, il est aujourd’hui un rond jaune, dont le diamètre est légèrement supérieur à celui de la lettre ‘O’ majuscule. Il est censé représenter la tête d’un bonhomme, et par extension, un bonhomme tout entier. A l’intérieur du cercle, de simples petits traits figurent ses yeux, son nez, sa bouche et parfois même ses oreilles. Une habile disposition de ces traits permet de donner une idée de l’humeur du bonhomme : joyeux, triste, effondré, rigolard, moqueur, étonné, furieux, enrhumé, pleurnichard… En lui ajoutant des accessoires, chapeau, écharpe, lunettes, stéthoscope, marteau-piqueur, c’est encore plus rigolo. Et si on fait s’animer le smiley, c’est du délire. Si vous utilisez adroitement les émoticônes, vous pouvez écrire absolument n’importe quoi à un correspondant sans qu’il ait même le droit de se fâcher, sauf à passer pour totalement dépourvu d’humour. Je vous donnerais bien un exemple, mais il faudrait pour cela que j’utilise un de ces petits-bonshommes-jaunes-qui-rigolent et je m’y refuse absolument. Alors disons que dans l’expression écrite d’aujourd’hui, l’émoticône occupe la place de l’élégant  « Nan ! J’déconne ! »  du langage parlé.

J’allais clore cette aimable chronique pleine d’optimisme sans parler de cette nouvelle plaie, bien vue dans les milieux qui pensent pour nous, la féminisation des mots : auteure, docteure, professeure, etc…Au mieux, ça ressemble à une faute de frappe, au pire, à une faute d’orthographe. C’est moche, ça porte à rire et c’est parfois dévalorisant. De plus, c’est arbitraire : l’éternel féminin de acteur étant actrice, pourquoi n’avoir pas choisi autrice ou doctrice, celui de danseur étant danseuse, pourquoi pas professeuse. S’il fallait garder un seul de ces néologismes, pour moi ce serait sapeuse-pompière, tellement il est rigolo.

Les ayatollahs de ces réformes orthographiques ont-ils réfléchi un instant à cette question : quand notre Président de la République sera une Présidente de la République, deviendra-t-elle ipso-facto cheftaine des armées, avec comme Ministre de la Justice une Gardeuse des Sceaux entourée d’huissières, de gardeuses du corps et de gendarmettes? Comment pensez-vous que ces pauvres femmes pourront exercer leurs très hautes ou très utiles fonctions en portant des titres aussi ridicules.

Enfin, je ne voudrais pas vous laisser repartir sans vous parler de la toute récente réforme de l’orthographe, qui date, nous dit-on, en réalité de vingt-six ans et qui, selon notre ministre de l’Education Communautaire, a pour origine l’Académie Française (ce que la dite Académie nie farouchement).

Ah ! Supprimer les chapeaux de gendarme, les doubles consonnes, remplacer les ph par des f, parce que c’est plus facile, parce que c’est plus court, et parvenir enfin au plus vite à l’orthographe idéale et reposante des textos !

A l’instar de celui qui, encore récemment en Allemagne de l’Est, disait : « Puisque le peuple n’aime pas le gouvernement, dissolvons le peuple!« , j’aurais tendance à dire qu’il vaudrait mieux réformer le peuple que modifier l’orthographe. Car, sous prétexte de faciliter l’apprentissage de l’écriture, on ouvre avec facilité une porte savonneuse (petit bonhomme jaune qui rigole) qu’il sera très difficile de refermer quand sera demandée l’organisation de référendums sur la suppression du subjonctif et de l’accord du participe passé, parce que finalement ça complique et que ça ne sert pas à grand-chose.

Tout cela va trop vite, tout cela change tout le temps. C’est pourquoi, en même temps qu’une pause fiscale et réglementaire, je demande solennellement une pause orthographique. Qu’on me fiche la paix avec toutes ces âneries et qu’on me laisse continuer comme ça encore un peu.

6 réflexions sur « Logocratie et autres âneries de ce début de siècle (Critique aisée n°71) »

  1. Salut René-Jean, ces « crates » qui agissent sur moi comme un traitement laxatif, je les ai nommé en février, ce sont précisément tous ceux et celles qui s’imposent à moi et m’imposent, d’une façon ou d’une autre, leur loi contre mon gré. Je ne crois qu’à l’égocratie, comme cet alexandrin d’une tragédie (à moins que ce soit une comédie) de Corneille, retenu depuis ma première en 58: « c’est de moi seulement que je prendrais la loi ». Je tiens au fucking accent circonflexe, j’ai eu suffisamment de mal à en retenir l’usage, et ce n’est pas des pédagocrates non élus qui vont me le supprimer, scrogneugneu! Depuis février dernier, il s’est produit beaucoup de choses en ce bas monde. La Grande Bretagne a pris le grand large cher à Winston Churchill, Trump a été élu à l’académie des fous et postule pour un prix Nobel (on ne sait pas encore dans quelle ligue), les Italiens ont décidé le renzit, on a pas été en reste chez nous avec trois vedettes du bébête show renvoyées au vestiaire pour de bon, et tout ça par la volonté des egocrates comme moi dont on se fout éperdument depuis longtemps. Ca fait réfléchir. Plus sérieusement, les crates me font ch…, c’est dit, ils me pourrissent l’estomac, mais c’est un traitement laxatif qui n’en vaut pas la chandelle. Je ne le recommande pas.

  2. Cher Jim

    Donnes-moi les noms de ces « Crates » qui « te font chier »!

    Mon surpoids, trop évident pour les autres et très pesant pour moi, est en partie imputable à une rétention anale qui ne cesse de m’étonner ( à défaut de détonner) puisque j’espère être ni trop radin (ma bourse se délie aisément chez le marchand de vin) ni trop capitaliste ( je vis au jour le jour, d’une bouteille de scotch à l’autre)!

    PS. Contrairement à certains romanciers mes personnages littéraires (ou, plus modestement, blogaires) ne reflètent pas toujours les traits positifs et négatifs de l’auteur qui a assez d’imagination pour en ajouter ou en retrancher!

  3. Merci René-Jean. Tu viens de me donner l’occasion de relire ces réflexions du JDC et les miennent en réaction qui datent de février, en plus de la tienne d’aujourd’hui, ce qui constitue, tu en conviendras, beaucoup de lecture pour un jeudi matin ordinaire. Je ne changerais pas un mot à ce que j’écrivais alors: les crates de tous poils me font chier! Et je renvoie à ma réflexion de ce matin à propos d’Azimov.

  4. Mais qu’est-ce que parler veut dire? (Se demandait P. Bourdieu!)
    Mais qu’est-ce que parler veut dire? Bon Dieu! (Bourdieu)

    Ah là, (en deux mots) mes camarades du J d C font fort!

    Jim et PatSue (nom de guerre) ont bien conçu leur réplique. Faisant feu de tout le bois mis à leur disposition par les flèches incendiaires d’un Philippe enragé; que dis-je, ‘indigné’ qui passe ses ‘nuits debout’ à articuler, dans le style inimitable qu’on lui connait, sa colère contre les surplus de la démographie française!

    « Let’s go back to the magnificence and beauty of Louis the XIV’s, Buenaparte’s and Daily Charly de Gaulle’s France! » Comme nous y convient, manu Lepeni, ses mécontemporains que sont Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut et bien d’autres nostalgiques de la belle écriture dont la grande pointure féminine (presque Femen, par ses profonds décoltés et mini raz le bonbon à la télé) Natacha Polanski ou Pelinski (ou qq chose du genre! Là, j’en conviens, mon approximation contestable dans mon écriture des noms propres est imputable à ma distance géographique!)

    Mais « que vient faire la démographie là dedans? » inquisitionnera Philippe, le magnifique!

    Ben voilà! L’ire de mon ami d’enfance de 7 à 77 ans (encore 3 ans à me tolérer sur son blog!) me semble découler de sa prémisse bien française et donc bien catholique (la France étant toujours la fille ainée de l’Église) selon laquelle « le langage » servirait essentiellement « à dénommer les choses ou à donner du sens »! Et Philippe de contester l’innovation mal venue du constat que de nouvelles générations d’ici et d’ailleurs voient aussi dans le langage « un instrument de domination et un moyen de pouvoir. » (thèse que lança P. Bourdieu en son temps béni des démons néo-soixantehuitards)

    Restons en, pour l’instant et comme notre cher Rédacteur en Chef semble le souhaiter, à la fonction de « dénomination des choses ou d’attribution du sens. »

    En gros cette acception est partagée et confortée par les linguistes et sémiologues européens de Saussure à Eco en passant par le mal aimé, Roland Barthes. Ils insistent tous sur le rapport binaire: signifiant (le mot dans l’univers symbolique codé) et le signifié (objet, chose ou phénomène ‘réel’ tel qu’il existe dans l’environnement physique ou mental de celle ou celui qui en parle). Il y aurait donc un rapport direct entre le signifiant et le signifié ou entre le symbole et son objet.

    La liaison entre les deux (signifiant-signifié) a, quelque part, quelque chose de magique, de fétichiste, d’idolâtre ou de religieusement arriéré. Pour moi, j’insiste et je signe, ce rapport est parfaitement illustré par le mystère (accepté des Catholiques et répudié des Protestants) de l’Eucharistie. L’objet symbolisé est dans le symbole comme le corps et le sang du Christ sont dans l’hostie et le vin de messe.

    Les linguistes et sémiologues européens ne sont pas butés (comme mes propos pourraient le laisser entendre à l’oreille de qui sait où je veux en venir), ils savent très bien et le disent que les langues sont arbitraires. Même dans les onomatopées, il n’y a rien en commun entre le cri d’un animal et la façon humaine de le reproduire. Tout est arbitraire, convenu puisque littéralement ‘fruit de conventions sociales!’ Le mot mouton n’a pas quatre pattes, ne produit ni laine ni côtelettes ni gigots et, entre ces deux états, ne baile guère! Contrairement à Bourdieu qui ne voit que du ‘construit social ou artistique’ dans la photo, Barthes y voir un lien direct, voir une copie partielle, encadrée, de l’objet représenté.

    Sémiologues et linguistes européens soulignent que le langage est une création arbitraire des membres d’une communauté qui se définit précisément par celui-ci.

    Ils l’ont codé (vocabulaire) et articulé (grammaire) au sein de leur communauté d’interprétation devenue de ce fait communauté d’appartenance ou d’identification. Ceux qui parlent normand sont des normands, ceux qui parlent germain sont des Teutons, français, des Franchouillards, anglais des klaxons, etc.

    En Europe et particulièrement en France, où les gouvernements centripètes de Louis XIV et Buenaparte, comme ceux des Républiques, Royautés et Empire (le second) qui se succédèrent jusqu’à ces dernières années, se sont efforcés d’imposer le dialecte de l’Ile de France à tous les citoyens du pays, exactement comme les rois, désireux de résider en cette région polluée (« Paris vaut bien une messe »), se sont efforcés d’imposer le catholicisme ultramontain à tous leur sujets.

    La langue unique, la religion unique se sont traduits par une langue univoque. Puisqu’il n’y avait plus personne pour évoquer les conventions rejetées, les mots ont semblé émaner des choses et la grammaire française (issue du latin et du grec), dans sa logique cartésienne, est devenu la façon naturelle, et donc biologique, d’articuler le fonctionnement de l’univers, comme sa représentation symbolique!

    L’illusion française (et de beaucoup de linguistes ou de sémiologues européens) découle de l’impact du monolinguisme et du mono-spiritualisme catho. devenu mono culturalisme (la culture européenne) sur la carte écran radar collective des Français. Ils semblent penser, comme Philippe le dit si bien, que la langue ne sert qu’à « dénommer les choses et à donner du sens. »

    Les Français, universalistes par contamination de séquelles de l’impérialisme (Napoléon 1er critiqué par Herder et Napoléon III secondé par le tonton de Luc Ferry) s’imaginent que leur façon de concevoir le rôle social du langage est universelle voire biologiquement déterminée et donc ‘naturelle.’!

    Les sémiologues américains, inspirés par Charles Sanders (déjà lui) Pierce, confrontés au multilinguisme et à la diversité des acceptions du divin (souvenons-nous de la célèbre lettre que William Penn, ancêtre spirituel d’Angela merkel et peupleur de la Pennsylvalnie, avait envoyé à tous les Protestants européens persécutés par les Cathos. et les Anglicans; une lettre multilingue leur enjoignant de venir se réfugier dans sa grande forêt) Les sémiologues américains (en particulier, Richard Rorty, Jonathan Culler et Christine Brook-Rose avec qui Umberto Eco débat dans son petit ouvrage, Interprétation et surinterprétation, Paris, PUF, 1996) Les sémiologues américains, disais-je, insistent beaucoup plus que leurs collègues européens sur l’aspect arbitraire et communautariste du langage.

    À la relation binaire saussurienne: signifiant – signifié ou symbole – symbolisé où la liaison symbole – objet est fétichisée (bien que l’existence d’une communauté d’interprétation soit implicite chez les Européens – il suffit de penser à la notion d’italianité qu’évoque R. Barthes dans son analyse de l’affiche vert-blanc-rouge des pates Panzanni – ), les Sémioticiens américains substituent une relation triangulaire dans laquelle c’est le lien fétichiste symbole – objet (crucila pour les Européens) qui s’estompe, au point de n’être même pas implicite.

    Leur triangle comprend, dans un angle: le locuteur ou le lecteur, dans un autre: la communauté d’interprétation qui impose, dans le troisième angle, un vocabulaire et un code d’agencement des mots. La liaison entre ces trois éléments cruciaux est effectuée par les jeux de coerséduction (pédophilie intellectuelle à l’école et à la chapelle) auxquels sont soumis les membres de la communauté d’interprétation qui, de ce fait, devient, pour eux, leur communauté d’appartenance ou d’identification.

    Mais où donc est passé le lien fétichiste: symbole – réalité ou encore signifiant – signifié?

    La réponse à cette question a été magnifiquement donnée par Baby Busch lorsqu’il répondit à des journalistes (qui tentaient de lui expliquer la nature complexe – trop complexe – de l’Irak et de l’Afghanistan qui n’étaient alors pour lui que des symboles fraichement érigés sur sa carte écran radar et sur celle des Néo-Cons qui le conseillaient) que ces mots auraient le sens que son imminente intervention militaire leur donnerait!

    Autrement dit, pour les Américains, hyper pragmatiques, le sens est conféré aux choses par l’usage qu’ils en font et, s’ils sont puissants et ont du pouvoir (vous suivez mon regard), c’est eux et eux-seuls qui donnent le sens à l’histoire. (Idée qu’avait déjà formulé le jeune Marx et qu’a repris Bourdieu et de nombreux soixante-huitards, Deleuze, Foucauld, etc.)

    C’est aussi l’idée que reprennent, ceux qui, au lieu de passer directement du collège aux grandes écoles, sont passés par la Sorbonne et sa sociologie et psycho-sociologie américaine et qui, de ce fait, se font aujourd’hui les promoteurs de la théorie du genre qu’ils opposent aux défenseurs d’arrière garde de la théorie des gènes ou du biologisme.

    Comme chacun est coincé dans son paradigme, c’est par la force des bayonnettes d’hier et des Aircraft-Carrier Groups d’aujourd’hui, plutôt que par le pouvoir des urnes, que le sens des mots comme de l’histoire est imposée. En grammaire comme en politique c’est la raison du plus fort qui est toujours la meilleur. Notre génération, celle de Philippe et moi, est démographiquement supplantée par les nouvelles. Elles créent de nouvelles façons de s’exprimer et même si elles semblent répéter les mêmes termes et user d’une même logique grammaticale, il est évident que comme nous et les générations qui nous ont précédé personne ne sait de quoi il parle même s’il en parle bien et dans un style fort élégant!

    Seuls les rapports de force et de pouvoir définissent le comportement qu’il faut adopter devant les injonctions des plus forts!

    Foi de Lafontaine et des Grecs qu’il a plagiés!

  5. Ouais! il a raison le bicéphale égocentrique d’appuyer le JDC dans sa lutte pour le maintien de l’^ et du ph. Y-en-a-marre de la médiocratie, de la facilitocratie ou de la raccourcicratie q’ON cherche à nous imposer. Et la feminocratie alors? Vous n’en avez pas marre aussi? Ça ne suffit pas que la République soit déjà féminine? On la représente toujours topless, ça devrait satisfaire les femen non? et bien qu’elle retire le bas et on verra si on lui attribue tous les droits. Attention JDC: qui sème le vent récolte la tempête!

  6. Ô làlâ! Le JDC par la plume de son rédacteur en chef (y aurait-il un nègre caché derrière ses rédactions? non! je confirme) est ce matin déchaîné et, moi, ça me va aussi. Le JDC est un journal d’opinion et, moi, comme Dupond, c’est mon opinion et je la partage (sauf question musique, mais c’est une autre histoire). Moi, aussi, j’en ai marre de la logocratie, je préférais la logorrhée (ou diarrhée verbale) d’autrefois. Moi, j’en ai marre de la cratie en tout qui abaisse le pH de mon estomac et me fait royalement chier. La cratie et tous les préfixes qui l’accompagnent (bureau, voyou, ena, Twitter, etc.) me fait ch… A propos, l’ etcétéracratie m’emmerde aussi. Scrogneugneu! Je ne crois plus qu’en une seule cratie, l’egocratie. Voilà! (voilàcratie), j’ai pu me défouler ce matin et je me sens mieux, prêt à affronter les crates de tous poils. Merci le JDC!

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