Les lapins de garenne

Ce texte a déjà été publié, mais chaque fois que revient la période de chasse, je ne peux m’empêcher d’y penser. 

Chronique des années quarante

2 – Les lapins de garenne

C’était en septembre. Vers la fin du mois. Je me souviens qu’il faisait beau.

Ils ont sauté dans le vide. Tous les trois. L’un après l’autre.

Quand Vercors est entré en trombe dans ma chambre en dérapant de ses quatre pattes sur le parquet, quand, à la fin de sa glissade, il a percuté la boite en carton dans laquelle ils habitaient depuis trois jours, ils ont fui vers la fenêtre grande ouverte. Pendant que le chien se rétablissait sur ses pattes, ils ont gravi la petite marche qui menait au balcon. Vercors les y a poursuivis, la gueule au ras du sol. Quand ils sont arrivés au bout, ils ont sauté dans le vide, tous les trois, l’un après l’autre. Le chien s’est arrêté en percutant la balustrade. Et moi qui l’avais suivi, je les ai regardés tomber du cinquième étage, tous les trois, l’un après l’autre. L’espace d’un instant, j’ai espéré qu’ils tomberaient sur le vélum de la boutique de Monsieur Martini. Mais l’élan que leur avait donné leur course les a propulsés au-delà de la toile tendue. Ils sont tombés tous les trois sur le trottoir, devant la confiserie.

Monsieur Martini avait dû les voir tomber car il est apparu de dessous la toile et s’est mis à regarder en l’air. Il m’a vu. Il a écarté un peu les bras et les a laissé retomber d’un air d’impuissance.

7 réflexions sur « Les lapins de garenne »

  1. Le général juif commandant à Massada était un mauvais général.
    A sa place, j’aurais regroupé les enfants à l’abri afin de leur laisser une chance de devenir esclaves avec mission, une fois adultes, d’assassiner toute la famille de leurs maîtres, puis de se suicider. Et je me serais quant à moi précipité à 300, femmes comprises, sur la rampe d’assaut.
    Les romains eussent ainsi payé très cher leur victoire à Massada et l’auraient après coup maudite.
    Flavius Josèphe en eût fait un tout autre récit à l’honneur des juifs. L’honneur, c’est important.

  2. J’aurais fait le même choix. C’est un peu la même alternative qu’à Massada.

  3. Je comprends mieux. On sait que pendant la guerre, comme on dit, et peut-être dans les années qui ont suivi, des parisiens élevaient des lapins dans leur appart, souvent dans la baignoire, à des fins de ravitaillement.

  4. Trois petits lapins orphelins trouvés dans leur terrier et sauvés de Vercors au cours d’une partie de chasse en Sologne, du coté de Viglain.
    Ils avaient fait le voyage de leur terre natale jusqu’à Paris dans la poche ventrale de mon anorak. ils y avaient fait pipi.
    Je devais avoir 6 ans.

  5. Que faisaient trois lapins dans une boîte en carton au 5ème étage? Ravitaillement?

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