¿ TAVUSSA ? (14) – Faut-il dissoudre le peuple ?

Faut-il dissoudre le peuple ?

Pour l’extrême droite comme pour l’extrême gauche et, quelques fois, même pour la gauche non extrême, l’élection de Donald Trump, c’est le sursaut attendu des indignés, des oubliés et des déçus de toutes sortes contre le système, c’est la victoire du peuple contre les élites et des tas d’autres choses tout aussi lyriques et enthousiasmantes.

Bon. Si on veut.

Mais si la victoire du peuple contre les élites, c’est la désignation comme président des États Unis d’un homme, qui, vu à travers la campagne qu’il a menée, peut être qualifié de raciste déclaré, de xénophobe affirmé, de sexiste assumé, d’impulsif incontrôlable, d’ignorant crasse, de menteur invétéré, d’affairiste autoproclamé et de brute incarnée (et nous n’avons pas fini de le découvrir), ne serait-il pas temps, comme disait Berthold Brecht, de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ?

J’imagine déjà vos réactions à vous autres, âmes sensibles, devant cette question interdite : est-ce la faute du peuple si Trump a été élu, si l’Angleterre a largué les amarres et part à la dérive, si Mademoiselle Le Pen a toutes chances d’être au second tour des élections présidentielles françaises et des chances réelles d’être élue ?

Les Américains sont-ils devenus furieux (totally mad), les Anglais légèrement dérangés (rather deranged) et les Français totalement stupides (completely nuts) ?

Ne répondez pas tout de suite. Dites-vous d’abord ceci :

Pour ce qui est des USA :
The Donald a été élu avec moins de voix que Mme Clinton
– Les électeurs du Donald représentent seulement un électeur sur quatre (plus exactement 25,5% de l’électorat)
-Il y a donc 3 électeurs sur quatre qui n’ont pas voté pour le Clown
(Il n’est pas question ici de contester l’élection d’Achille Zavatta, jusqu’à preuve du contraire régulièrement élu. Mais quand même ! Quelle drôle de loi électorale ! Élaborée dans leur sagesse par ceux que les Américains appellent les Pères Fondateurs pour éviter ce qui vient justement de se produire, il serait peut-être temps de la réviser. Mais faisons confiance au Donald pour le faire le jour où ça l’arrangera.)

Pour ce qui est de la Grande-Bretagne :
-Le Brexit a été voté par les vieux contre les jeunes, par les campagnes contre les villes et par les non-comprenants contre les diplômés.
-Le lendemain du vote, un des promoteurs importants du Brexit reconnaissait qu’il s’était trompé dans ses calculs.
-Le même jour, une partie des électeurs du Brexit (suffisante pour faire basculer le résultat) avouait qu’ils regrettaient leur vote.

Il ne s’agit donc pas (pas encore) de qualifier les Anglais d’abrutis définitifs, ni de désespérer (déjà) de l’Amérique. Il s’agit de serrer les fesses pendant les quatre prochaines années et de ne pas se tromper (j’allais dire Trumper, mais c’est vraiment trop facile) en avril prochain.

Ce serait vraiment trop bête que, sachant tout ce que nous savons aujourd’hui, intelligents comme nous sommes, nous butions sur le même caillou que les Anglais pour tomber dans le même trou que les Américains.

 

2 réflexions sur « ¿ TAVUSSA ? (14) – Faut-il dissoudre le peuple ? »

  1. Un scoop: PHILIPPE POUR LE RETOUR DES ROIS PHILOSOPHES

    Comme je suis complètement inapte à me construire un blog où je pourrais déblatérer à ma Guise (sans risquer de faire assassiner mes hôtes); je vais faire comme Bernard l’ermite et continuer à squatter le J. des C. pour quelques derniers galops d’essai!

    Évidemment, ce beau texte bien stylé du Rédacteur en Chef m’interpelle…

    Il est beau et bien stylé parce que son contenu n’est guère innovant. On trouve beau, élégant ce qui conforte les façons de voir le monde qui sont depuis longtemps à la mode dans notre bulle! Une Carte Ecran Radar bien établie et bien rodée, quoi!

    Grande question:

    Quel est l’intérêt d’être brillant et bardé de diplômes si c’est pour tomber, de temps à autres (la Terreur en 1793… les Révolutions 1830… 1848… la Commune 1870, le Bolchévisme, Léninisme, Stalinisme, Maoïsme ou la Nazisme 1932-1945… les guerres de décolonisation: Indochine, Algérie, et maintenant: terrorisme islamiste), sous les coups des NON-COMPRENANTS, ravoltés par l’INCOMPRÉHENSION de leurs dirigeants fortunés, diplômés et donc omniscients?

    Faut-il changer d’électeurs? Comme le suggère B. Brecht, selon Philippe!

    Pourquoi changer les autres quand le problème est au cœur de notre CER (Carte Écran Radar)! se demande Ravolt!

    Pour moi, ‘élevé’ bourgeoisement et fort catholiquement, mais sorbonnisé à gauche tout juste avant 68, j’ai tendance à croire l’histoire que nous (et se) raconte Bourdieu; même si son style est imbuvable! (Il faut se faire au goût pour apprécier la ciguë!)

    La concentration des différents types de capitaux (social, économique, financier, culturel, voire « génétique ») dans les mêmes « esprits, » dotés des mêmes mains et l’incapacité des leaders, détenteurs de ces capitaux précieux, de s’exfiltrer des réseaux de coerséduction (ou de ‘flirt’) où ils se proclament mutuellement tels, explique le fait qu’ils soient régulièrement pris à partie et, parfois, mis à mort (dans la longue durée) par celles et ceux qui se sentent laissés pour compte (‘les hommes inutiles’ selon Giraud) par une élite qui les ignore démocratiquement.

    Qu’un Con ou ‘crétin de nature,’ comme on dit chez les Sachants ou les Héritiers, soit con, c’est normal! Mais qu’un ‘connoisseur’ ignore son bon peuple et ne l’entende point… cela me semble remettre en question l’aulne (ou les bornes de sa carte écran radar) à partir de laquelle (ou desquelles) il prétend se distinguer (cf. ‘La distinction’ selon Bourdieu) de son bon peuple et être en mesure d’en gérer le sort!

    Trump, dont je ne sais s’il est bon promoteur immobilier et marketer compétent, me semble avoir su décrypter (à force de la provoquer et de la perpétuer) l’insatisfaction, voire la colère des non-bénéficiaires (pour ne pas dire perdants et enragés) de la globalisation capitaliste.

    Ses discours (de communiquant avéré) ont exacerbé ces re-sentiments, ces perceptions… avec les résultats que l’on sait.

    En passant, ce sont les Démocrates de Clinton, Obama en tête, qui nous ont assuré que le système électoral américain actuel n’était pas ‘rigged.’

    Trump a eu l’honnêteté de le dire: Je ne me plaindrais pas du système si je gagne … si je perds, je dirais et démontrerais qu’il est ‘rigged.’

    C’est un peu comme les criminels de guerre, ils sont toujours du côté des perdants. C’est aussi comme les théories du complot. Chez nous, on ne complote jamais! Chez l’ennemi, on ne fait que ça!

    Maintenant, comprendre son peuple ne veut pas dire qu’on va l’aimer et satisfaire ses besoins… pour bien l’exploiter, il le faut bien connaître!

    Si Trump semble avoir compris… Saura-t-il éviter le baclash du sentiment de trahison dès que ses électeurs se rendront compte du sens de ses gestes. ‘Deeds not words!’ qui disait!

    « Let’s the philosophers be kings again! »

    Hélas, les grands sages n’ont jamais eu le pouvoir… Ce dernier les forçait à boire la ciguë!

    Foi de Socrate, dernier des Sophistes! Comme le veut la mythologie grecque, si chère à notre bon R en C du J. des C. que je remercie de m’accorder l’hospitalité pour quelques jours encore.

  2. Hé oui, on a vu ça et on a pas fini de voir la suite. « Vox populi vox dei »! Mais comme je l’ai écrit l’autre jour, des fois Dieu se trompe dans l’usage de ses manettes et se dit « oups, j’me suis gouré ». Bon, je me vois contraint une fois de plus à citer ce vieux Winston C qui avait quelque chose à dire en toutes circonstances, « la démocratie est le pire des systemes …. »

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