Nous n’irons plus au Bois (Critique aisée 90)

Je l’ai dit à plusieurs reprises et sur tous les tons : à Paris, l’immeuble le plus moche est sans conteste le centre de recherche Imagine du boulevard du Montparnasse.

Eh bien je me suis trompé, et je dois rendre justice à son architecte, Jean Nouvel, qui, dans mon Guinness book, ne détient plus ce record.

J’ai découvert mon erreur il y a peu de temps en traversant la porte Maillot pour aller de l’avenue de la Grande Armée à l’Avenue de Neuilly. Quand on fait ce trajet, le plus souvent, on est en voiture et on garde le nez sur le coffre arrière de celle qui vous précède. On ne jette qu’un coup d’œil rapide et exaspéré sur la façade inclinée du Palais des Congrès sans y prêter plus d’attention. On a bien d’autres soucis.

Seulement voilà, j’allais au Bois de Boulogne et je faisais ce trajet à pied. J’ai contourné l’énorme rond-point par le côté Sud. Et là, grâce au recul et au large angle de vision dont le piéton moyen bénéficie, une évidence m’a frappé : j’avais là, sous les yeux, le plus laid des bâtiments de Paris, plus laid qu’Imagine, plus laid que le Sacré-Cœur, bien plus laid que La Grande Bibliothèque et l’Opéra Bastille réunis : le Palais des Congrès !

Ce monumental machin a été construit dans les années 70 par des architectes dont on a oublié les noms. Typique de l’architecture à la Spirou de ces années-là, le bâtiment était un empilement de galettes terminées par de gigantesques balcons jamais fréquentés et surplombé d’une tour aux lourdes proportions, l’hôtel Concorde-La Fayette.

dscn1450Au bout de vingt années, réalisant sans doute le ratage esthétique de l’ensemble, le maitre des lieux a décidé de confier à Christian de Portzamparc la rénovation du bâtiment. L’empilement de galettes a donc disparu. Il a laissé la place à un immense mur aveugle incliné vers l’extérieur qui semble attendre la non moins immense affiche qui nous apprendra les prochains adieux de Johnny Halliday. Ainsi relouqué, le bâtiment parait deux fois plus massif que le précédent et la tour de l’hôtel, devenu Hyatt Regency, deux fois plus pataude. Une vraie réussite, il suffit de regarder la photo.

Pour passer la porte Maillot, la prochaine fois, prenez le métro. Vous irez pus vite et vous ne verrez pas le massacre.

2 réflexions sur « Nous n’irons plus au Bois (Critique aisée 90) »

  1. Tout à fait d’accord pour ton classement des bâtiments parisiens les plus laids. Je connais bien le quartier de la Porte Maillot, m’y étant installée en 1973 au moment de l’inauguration de la tour du même nom dont on vantait tellement l’esthétique dans toute la presse !? L’ajout de la nouvelle façade n’a en effet rien arrangé. Heureusement la charmante chapelle de la Compassion, auparavant au centre de la place Maillot, a été préservée et déplacée porte des Ternes. Quant à l’immeuble Imagine, vont-ils enfin nettoyer le blanc d’Espagne sur les vitres ? J’ai toujours le même ressenti à chacun de mes passages (fréquents). Quel gâchis !

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