La La Land (Critique aisée 89)

La La Land
Damien Chazelle – 2016
Emma Stone, Ryan Gosling
126 minutes

Une jeune femme de Boulder City.
Elle est serveuse dans une cafeteria près des studios d’Hollywood.

Un jeune homme d’on ne sait où, peu importe.
Il est pianiste de jazz à Los Angeles.

Entre deux capuccinos servis à des acteurs de passage, elle court les auditions.
Pour gagner de quoi vivre, il joue des mélodies sirupeuses dans des restaurants bourgeois.

Elle va de refus en refus.
Il se fait renvoyer.

Elle veut faire du cinéma.
Il veut monter un club de jazz.

Quelque chose nous dit qu’ils vont réussir.
La même intuition nous dit qu’ils vont se rencontrer.

C’est La La Land, le nouveau film de Damien Chazelle.

On a vu ça cent fois. Et alors ? Dans une comédie musicale —j’entends une vraie comédie musicale, pas une adaptation ronflante de Quo Vadis ou des Trois Mousquetaires— il n’y pas trente-six intrigues possibles : « deux jeunes gens veulent réussir dans leur art » ou bien « une troupe veut monter un spectacle à Broadway« . C’est la loi du genre et c’est très bien comme ça, et de ce côté-là, La La Land se range tout de suite dans le classicisme.

Une grande scène d’ouverture, hors intrigue —ballet sur fond d’embouteillage autoroute urbaine— confirme le classicisme recherché : un grand nombre de jeunes gens de toutes couleurs chantent et dansent avec enthousiasme en sautant gaiment de toit de Chrysler en capot de Chevrolet sur une musique entrainante. A la sortie de cette première scène, on se dit que la chorégraphie n’est pas totalement réussie et que, malgré le monde mis en œuvre, la réalisation manque un peu d’ampleur, mais on se sent bien quand même : on va voir une vraie comédie musicale.

Eh bien, non.

Il n’y a pas de moment de comédie, peu de moments musicaux, et, en dehors de cette scène d’ouverture à moitié réussie, pratiquement pas de moment de danse.

Emma Stone est jolie et touchante. Elle a un joli tout petit filet de voix. Ryan Gosling est beau garçon, sympathique, mais il n’a que trois expressions et ne sait pas chanter. Ni l’un ni l’autre ne savent danser. Heureusement, ils n’ont que trois ou quatre pas à faire.

Le personnage d’Emma veut devenir comédienne, mais on ne nous donne pas de scène d’audition ou de répétition digne de ce nom. Celui de Gosling est un pianiste de jazz pur et dur, mais on ne le voit pratiquement jamais exercer son art.

L’intrigue se traine un peu pendant deux heures sur un scenario plutôt paresseux et distendu pour s’achever de façon prévisible —mais pour moi ce n’est pas un défaut— sur la réussite individuelle, mais séparée, des deux héros.

Pas vraiment mauvais, mais décevant, décevant, décevant…

N.B :
1-Dans la fiche technique, j’ai vainement cherché le nom du chorégraphe. Peut-être n’y en avait-il pas ?
2Damien Chazelle nous avait donné un excellent Whiplash dont j’avais fait ici la critique. Cliquez sur  : Whiplash-Critique aisée 

Une réflexion sur « La La Land (Critique aisée 89) »

  1. 20 jours après, j’ai vu La La Land et je suis complètement d’accord avec la critique faite au-dessus, sauf que j’ajouterais que la scène d’ouverture est nulle comparée à celle de Fame, la référence pour une scéne de danse collective dans un embouteillage. Et puis les scènes individuelles de danse en couple ne sont jamais achevées. Les références aux films de Fred Astaire et Ginger Rogers, et à ceux de Gene Kelly (un Américain à Paris), sont une catastrophe. Ce film ne mérite pas d’oscar, c’est un « turnip ».

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