La Garçonnière (Critique aisée 93)

Critique aisée n°93

La garçonnière
D’après le film de Billy Wilder (1960)
Adaptation de J.Elmaleh et G. Sibleyras
Metteur en scène : José Paul
Théâtre de Paris
Guillaume de Tonquedec
Claire Keim

Les adaptations pour le théâtre de grands films semblent à la mode en ce moment. Après « Les Damnés » (de Visconti) et « La Règle du Jeu » (de Renoir), voici « La Garçonnière » de Billy Wilder, présenté au Théâtre de Paris.

Le film de Billy Wilder date de la splendeur de la comédie sentimentale américaine. Dans un New York en noir et blanc et en Cinémascope, un petit employé d’assurance monte dans la hiérarchie de sa compagnie en prêtant à ses supérieurs, pour quelques heures et quelques frasques, son petit appartement de Manhattan. Mais il va tomber amoureux de la liftière qui est aussi la maitresse du grand patron. Inutile d’en raconter davantage, vous verrez bien vous-même.
Les deux principaux comédiens, parmi les meilleurs de leur temps, étaient Jack Lemmon et Shirley MacLaine. Ils donnaient à ce film un ton de naïveté, de tendresse et de drôlerie. En 1961, le film obtint cinq Oscars, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

Quand quelqu’un, un producteur par exemple, vous demande de monter au théâtre une adaptation de La Garçonnière, on se dit que ça ne va pas être trop difficile. On visionne le film une douzaine de fois, on choisit un comédien au jeu léger, plutôt connu de préférence, et s’il ressemble un peu à Jack Lemmon, c’est tant mieux. On prend une jolie comédienne, et si elle n’a pas l’air innocent et naïf de Shirley MacLaine, c’est tant pis. On leur fait voir le film et apprendre le texte. Ensuite, on imagine un décor magnifique et compliqué qui permettra de représenter par quelques tours de plateau et quelques glissades de meuble, presque tous les lieux où l’action du film se déroule. Et voilà, c’est fait. Inutile de tenter d’adapter vraiment pour le théâtre cette douce comédie puisque quelques habiletés de décors vous en dispensent.

On a donc ici un excellent travail de décorateur, un travail honnête de comédiens, un travail paresseux de mise en scène et un travail inexistant d’adaptation.
Alors, à quoi bon aller voir la pièce, qui ne sera qu’une pale, très pale, copie du film, copie dans laquelle auront été effacées toutes les tendres scènes de séduction d’une liftière suicidaire par un employé de bureau timide. Ce n’est ni la faute des acteurs, sympathiques, ni celle de l’adaptation, inexistante, mais celle du choix d’un décor trop  compliqué et d’une salle trop grande, deux obstacles à l’intimité de certaines scènes. On veut montrer trop de choses à la fois et le charme disparait.

Allez donc plutôt revoir le film.

P.S. Dans le cadre de cette vague d’adaptation au théâtre de films que nous avons aimé, on attend avec impatience celles de Apocalypse Now ou de Laurence d’Arabie.

2 réflexions sur « La Garçonnière (Critique aisée 93) »

  1. Pour Apocalypse Now… l’essentiel étant dans la valle qui rit des hélicos et l’odeur du Napalm ‘early in the morning’ … difficile à mettre en scène au théatre…

    Mais El Awrence… il y a des scènes croquignolettes sous les tentes des bédouins qui pourraient faire une excellente pièce! au bataclan pour le massacre de l’armée turque!

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