Seven sisters – Critique aisée n°99

Seven sisters
Tommy Wirkola 2017
Noomy Rapace, Glenn Close, Willem Dafoe

Il m’arrive d’aller au cinéma sans idée préconçue, sans programme, sans projet. Et c’est comme ça que je viens de voir Seven Sisters de notre ami Wirkola. Il faut bien dire que, jusqu’ici, il ne nous avait rien donné de bien intéressant. Mais, voilà…

Un monde post apocalyptique, une dystopie —c’est chouette ce mot, non ? — dans laquelle un dérèglement hormonal dû à l’alimentation provoque un nombre immense de naissances multiples. Pour lutter contre la surpopulation, le gouvernement interdit plus d’une naissance par couple. Toute enfant supplémentaire est sanctionné par la cryogénisation du nouveau-né. Une femme meurt en mettant au monde sept filles, et le grand-père va les élever dans la clandestinité. Il les appellera Lundi, Mardi, Mercredi, etc…Pour tromper les autorités, elles devront toutes vivre la vie d’une seule, qui s’appellera Karen, et seulement le jour de la semaine correspondant à leur nom. En d’autres termes, chaque lundi c’est Lundi qui sera Karen, le lendemain ce sera Mardi, et ainsi de suite. C’est plus clair ?

Quand, deux heures plus tard, je me suis retrouvé sur le trottoir devant le cinéma, comme c’était le jour de la sortie du film, un enquêteur poli et distingué m’a demandé ce que je pensais de Seven sisters. Comme vous sans doute, j’ai souvent rêvé de cette situation où un journaliste me demande mon avis sur le film que je viens de voir. A chaque fois, je me vois argumenter une critique pleine d’esprit et de références. Hé bien là, tout ce que j’ai trouvé à dire à ce charmant monsieur, c’est : « C’est le film le plus con de l’année. »

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?

Ce qui ne va pas dans Seven sisters ? Eh bien mais, par exemple :
— l’idée très artificielle des sept sœurs vivant un jour sur sept la vie de celle qui n’existe pas et qui est censée les représenter toutes.
—les caractères tellement marqués à gros traits et tellement différents des sept sœurs qu’on pense irrésistiblement aux sept nains : Joyeux, Simplet, Grincheux…
—les situations archétypales de la méchante organisation toute puissante qui tue tous les déviants pour cacher les horreurs auxquelles ont mené son idéologie
—le personnage ridicule de la super-méchante, Glenn Close (et pourtant, quelle actrice ! voir surtout les Liaisons dangereuses), le personnage effacé du grand-père, Willem Dafoe (lui aussi, quel acteur ! voir Platoon), les personnages des méchants secondaires, un blond du style néo-nazi, bien sûr, et une pin-up structurale du style Grace Jones, tout ça déjà vu, déjà vu, déjà vu !
—le fait que Noomy Rapace, le premier rôle du film, joue les sept sœurs à elle toute seule alors qu’elle n’a pas plus de trois expressions
—les quelques scènes du style gore-enfantin-grand-guignol, dont l’une, très prévisible et néanmoins pénible, où l’héroïne, (enfin l’une d’entre elles, est-ce lundi ou vendredi ou même dimanche, je ne sais plus) coupe le doigt d’un soldat qu’elle vient de tuer avec aisance pour se le coller sur la main afin de pouvoir utiliser l’arme du dit mort. (Là, j’ai vraiment ri.)
—le happy-ending, à la fois prévisible dans sa nature, mais incompréhensible dans son détail
En fait rien ne va et après nouvel examen, je peux vous confirmer que c’est bien le film le plus con de l’année.
Mais ne perdons pas espoir, il nous reste quatre mois pour faire mieux.

2 réflexions sur « Seven sisters – Critique aisée n°99 »

  1. Que Philippe ait aisément trouvé ce film ‘con;’ c’est SA critique et je suivrai, tout aussi aisément que Jim, son avis…

    Mais il n’en reste pas moins que la dystopie malthusienne, hélas, n’est pas du cinéma! Elle tient si bien la route qu’elle interdit d’imaginer l’éventuel succès de toute utopie, qu’elle soit écologique ou humaniste! On comprend que les conservateurs trouvent quelques charmes au mot ‘dystopie!’ Mais trop d’enfants tue l’enfant!

    Que faire pour rendre les liaisons moins dangereuses, sans amoindrir le plaisir de l’un et de l’autre?

  2. Bon! Je suis convaincu et j’economiserai les quelques 9 ou 10 euros (x2) la place.

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