Chronique des années passées – 6

Chronique des années quarante

6 – Les 203

A cette époque, le matin mon père m’emmenait parfois en voiture jusqu’à l’école.

Notre Peugeot 203 était souvent garée dans la rue Pascal, que nous suivions jusqu’au bout pour longer l’église Saint-Médard et rejoindre la rue Monge. Par la rue du Cardinal Lemoine, nous plongions ensuite vers la Halle aux Vins et la Seine. Passés les deux ponts, il me déposait à l’angle du quai et de la rue du Petit-Musc, devant la station de métro.

Assis très bas sur le siège du passager, je me penchais en avant pour regarder le capot à tête de lion et l’aile droite renflée qui me faisait penser à la vue que l’on a de son propre nez quand on ferme l’œil gauche.

203Je vois encore le levier de vitesse à poignée d’ébonite de couleur crème, planté sur l’axe du volant que, selon son humeur, mon père maniait avec douceur ou brutalité, mais toujours avec assurance.

Nos 203 ont eu plusieurs couleurs : grise, noire, bordeaux… Mon  père les remplaçait souvent car il les épuisait. Si l’une d’entre elles seulement (était-ce la bordeaux ?) a eu un toit ouvrant, elles furent toutes équipées d’un double carburateur. Cette transformation leur permettait de « piquer » le 130 et de couler une bielle ou quelque chose comme ça au bout de trente mille kilomètres. Je me souviens d’avoir passé quarante huit heures dans un hôtel de Villefranche-sur-Saône où la voiture avait rendu son âme sur la route de l’Alpe d’Huez. Ce fut notre dernière 203.

Mais pas notre dernière Peugeot.

3 réflexions sur « Chronique des années passées – 6 »

  1. Je me souviens des 203 de ton père. C’est quand même la Cubic qui m’a le plus marqué! C’est dans sa camionnette d’entreprise (comme le porte avion US) que ton père nous emmenait, avec nos Solex respectifs (nos chasseurs de la Navy), à Touffreville pour les vacances de la Pentecôte. Il y avait là aussi une deux chevaux qui nous permit de pratiquer, sans permis (nous n’avions pas l’âge), la conduite tout-terrain dans un verger qui jouxtait le jardin du pavillon de chasse que louait tes parents en lisière de la forêt de Lyons.

    Mon père, publicitaire et donc, comme les profs. quelque peu exhibitionniste, adorait les cabriolets. Il en avait eu quelques uns avant la guerre mais avait il avait dû vendre le dernier de cette période à contre-cœur pour construire Andrésy. Quelques années après la guerre, il eut, d’occase, une simca 5 dont la toiture de toile s’ouvrait comme celle des Fiats 500 d’aujourd’hui. Après ce fut le cabriolet Simca 8 sport dont Belmondo vante les qualités du moteur italien dans À bout de souffle, juste avant de mourir! C’est sur ce bolide français que j’ai appris à conduire sur tennis puis sur routes. Alors que je n’avais connu que des échecs dans mes examens scolaires, j’ai obtenu mon permis de conduite, du premier coup, le jour de mes 18 ans avec la mention: « Trop Rapide! » (J’ai terminé l’épreuve routière en moins de cinq minutes!)

    Ensuite, restant dans les Simca, ce fut une Océane blanche, la même que la rouge dans laquelle meurt Omar Sharif la fin de Monsieur Ibrahim. Puis, ce furent les cabriolets Peugeot 404 noir et 504 blanc, leviers de vitesse au volant pour la 1ère et au plancher pour la seconde. Dommage, quand mon père me prêta sa 504, plus pratique pour la drague (proximité des leviers), j’étais déjà marié!

  2. Dans mon panthéon imaginaire (malheureusement) des voitures se tient en bonne place la 203 Cabriolet. La classe!

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